Chambre de Narcisse

La Chambre de Narcisse est une installation photo-interactive destinée à prendre place dans des espaces publics tels que festivals, expositions d’art contemporain, évènements culturels, etc.

Dans un environnement sonore et visuel, le public devient auteur et réalise des autoportraits, en temps réel.

Pour en savoir plus, visitez le site de la Chambre de Narcisse : chambre de narcisse.fr

Grâce à un jeu de miroirs assez élaboré, J’ai créé un espace où chacun peut se photographier de tous côtés, seul ou à plusieurs, triste ou joyeux, des pieds à la tête ou en tous petits morceaux. Tournant le dos à l’exercice formel, Narcisse nous propose de jouer avec nos reflets et de se réapproprier notre image.

Itinérante, la chambre s’installe au cœur des lieux de vie (médiathèques, espaces d’exposition, administrations, entreprises) et invite les passants à s’y aventurer, pour mettre en scène et refléter l’identité qu’ils souhaitent capturer. Chaque photographie est ensuite directement diffusée, en temps réel, sur un jeu d’écrans placés à l’extérieur de la chambre, rejoignant celles déjà prises et formant avec elles une grande mosaïque scénographiée. C’est alors l’autoportrait d’une collectivité tout entière qui apparaît, dévoilant ainsi sa richesse, sa diversité, sa vivacité.
Depuis l’avènement de l’individu, nous célébrons l’unité de la conscience, la majesté du « Je » qui pense. Nous chérissons une identité unique, solide, cohérente, tout comme nous rêvons d’un corps utopique, lisse et monolithique, taillé en un seul bloc de chair, sans accroc, sans ajouts, sans revers.
Ce moi intime, indivisible et fier, se repaît des mots. Mais il craint les images. Les reflets l’effraie car ils le morcellent, le dispersent, le fragmentent. Et son unité fantasmée vole en éclats lorsqu’au détour d’un miroir elle s’entr’aperçoit.
L’histoire de Narcisse prend alors la forme d’un avertissement : « Prenez garde, dit le mythe, de contempler vos fêlures. Car, comme Narcisse, vous périrez sans structure ! »
Et si Narcisse ne s’était pas noyé ? Et si, contrairement à ce que l’on raconte, il avait apprivoisé ses reflets ? Il aurait découvert le métissage, la mosaïque, le fameux rapport entre le réel, l’imaginaire et le symbolique.
Narcisse aurait créé une chambre, dit-on, un lieu merveilleux où se déploieraient, dans le jeu des miroirs et la mise en scène de soi, nos fragments de corps et d’esprit. Une chambre caco-photographique, dédiée par excellence aux autoportraits. Une chambre noire, chambre infinie, où les images résonnent aux gré des mises en abîme. Lieu d’accueil, lieu de passage, lieu de voyage, où le temps, comme l’identité, s’effiloche…