«La relation que nous entretenons avec notre corps me fascine depuis longtemps. Des premiers traités de physiognomonie (Johann Kaspar Lavater) à la morphopsychologie d’aujourd’hui en passant par « l’expression des passions » de Charles Brun, la « metoposcopia » de Girolamo Cardano ou encore « l’hystérique » de Charcot. Esprit et corps sont-ils une même chose ? Quelle harmonie ou dysharmonie rencontre-t-on dans notre vie entre l’idée de nous-même et l’image de nous-même ?
En écho à ces questions, le portrait ou l’autoportrait me semblent une pratique d’une rare richesse. Mes photosculptures des corps ou des visages sont également une contribution à cette réflexion.
Dans ma série de « photosculptures » j’ utilise la fragmentation du corps pour mieux le recomposer en le stylisant à ma manière. Les corps et les visages sont re-visités et mis en volume pour former des installations où les jeux d’échelle sont multiples.
Ce jeu de déconstruction reconstruction est la symbolique d’un processus bien humain, qu’il soit d’ordre physique ou psychique. Ne dit-on pas parfois que nous nous sentons « cassés », « démontés », « dispersés » ou bien même « en morceaux » ? Je ne découpe pas les corps par je ne sais quel plaisir pervers, au contraire, j’ai le sentiment de réparer, de réunir, de redonner à chacun des corps, chacune des personnes photographiées, cette unité qui nous est chère.