Dédale

Dédale icono-publicitaire
2011 : « PubArt » Biennale de l’écrit – octobre 2011 – Buchelay (78)

Dans le cadre d’une résidence d’artistes à Buchelay (Mantes-La Jolie) 

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Dédale icono-publicitaire

Dans mes investigations photographiques, j’explore la place de la publicité dans notre environnement quotidien urbain. Ces images, affiches, posters, ont envahi nos rues, elles se retrouvent dans les sucettes municipales, les abris bus, les panneaux géants, depuis de nombreuses années, avec une telle force que nous n’en sommes plus vraiment conscients. Dans la série photographique « Dédale Iconographique », je propose un travail de détournement de l’image publicitaire en pays Mantois. Après quelques jours passés à arpenter les rues de Mantes-la-Jolie et des communes avoisinantes, j’ai accumulé les scènes de vies de ce territoire où la publicité est omniprésente, là comme ailleurs. Je présente un ensemble photographique où les images publicitaires habituelles ont été comme phagocytées par d’autres images débarrassées de leur valeur marchande. Des vues caractéristiques du pays Mantois et à forte portée symbolique ont pris la place des slogans publicitaires. On assiste à une sorte de revanche du milieu urbain sur la publicité, comme si celle-ci à son tour devait accepter les images « naturelles » d’un espace dépollué de cette même publicité. Les espaces publicitaires deviennent autant de portes vers un autre lieu de la cité, entraînant le spectateur dans une sorte de labyrinthe spatial. Ce renversement de situation déclenche une sorte de vertige sensoriel et bien réel, même si ces photographies ne sont que des représentations d’un impossible possible, destinées à mettre en exergue l’absurdité de ces espaces publicitaires.

Mon regard sur la Publicité et sa place dans la ville…

Dans un premier temps, en 2003 et 2004, je me suis intéressé aux images publicitaires où le corps féminin est utilisé pour promouvoir tel ou tel produit. Par des jeux de cadrage et de reflets, j’apporte un regard distancié sur cette place que les annonceurs publicitaires se sont octroyés pour y exhiber la valeur marchande du corps féminin (et plus rarement masculin). Mes photographies ne sont pas des images de femmes, mais des images urbaines intégrant des images de femmes qui en font partie : ici, l’image de l’image de la femme produite en masse fait partie du paysage quotidien de la ville (elle y est super-posée, fondue-enchainée parfois). Il s’agit de ce que les situationnistes appelaient un détournement : photographier une image publicitaire dans son environnement, c’est lui ôter sa dimension suggestive, adressée aux individus à titre personnel, laquelle en général est destinée à les séduire afin d’éveiller leur désir de consommation d’objets et de plaisirs. Le noir et blanc participe de cette neutralisation de la valeur affective d’une publicité supposée « érotique ». Du coup, je mets en valeur la fonctionnalité sociale, économique et surtout représentative de ces images : elles ne sont plus publicitaires mais pornographiques, reproductibles à l’infini, pures marchandises. Comme le disait Guy Debord : « dans la société du spectacle, tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation ».

J’ai proposé également une série photographique extraite d’un ensemble plus vaste consacré au Japon, pays que j’ai visité en mai 2009. Tokyo est une ville où la publicité est particulièrement présente, on y constate une sorte de paroxysme de cette intrusion de la publicité dans nos sociétés occidentales. Pour cette série, point de détournement des images urbaines, je propose juste un jeu de combinaisons photographiques pour obtenir des compositions plus esthétiques, plus graphiques ou voir même plus abstraites.